Film Africa 2025 : dix jours pour célébrer la créativité du cinéma africain à Londres.

Film Africa 2025 : dix jours pour célébrer la créativité du cinéma africain à Londres.

Dix jours de cinéma, de culture et de débats africains au British Film Institute (BFI) Southbank, à la BAFTA, au Rich Mix, au Ritzy Picturehouse Brixton, aux Riverside Studios, à l’Université d’East Anglia et à la London School of Economics.

Présenté par la Royal African Society (https://RoyalAfricanSociety.org/), Film Africa 2025, le principal festival du Royaume-Uni et d’Europe dédié au cinéma africain et à celui de la diaspora, revient à Londres du 14 au 23 novembre. Pendant dix jours, le festival mettra en lumière la richesse, la diversité et la créativité du cinéma africain, avec plus de 50 films et événements spéciaux — longs métrages, documentaires et courts — issus de plus de 20 pays, du Maroc à l’Afrique du Sud, du Nigeria au Congo.

Parmi les moments forts : un hommage à Souleymane Cissé, le légendaire réalisateur malien récemment disparu, dont l’œuvre pionnière a redéfini le cinéma africain ; une masterclass BAFTA avec le cinéaste nigérian Kunle Afolayan, sur son rôle dans la transformation du Nollywood contemporain ; et un symposium “African Cinema and Liberation”, une conversation exceptionnelle entre Sir John Akomfrah et Billy Woodberry sur le pouvoir du cinéma à reconquérir la narration et à résister aux récits coloniaux.

« Le cinéma africain connaît aujourd’hui une expansion créative sans précédent. On y voit une audace nouvelle dans la forme, le genre et la distribution : les cinéastes y mêlent réalisme, mythologie et futurisme d’une manière inédite. Le rôle de Film Africa est d’accompagner cette évolution, non seulement comme vitrine, mais aussi comme réseau reliant artistes, institutions et publics. Nous voulons favoriser le dialogue, la collaboration et la visibilité des cinéastes africains à l’échelle mondiale », a déclaré Keith Shiri, le commissaire du festival.


Films d’ouverture et de clôture

Le film d’ouverture (BFI Southbank, 14 nov.) sera My Father’s Shadow (2025, Nigeria/Royaume-Uni) (https://apo-opa.co/47dXQpt), sélectionné par le Royaume-Uni pour l’Oscar du meilleur film international à la 98e cérémonie des Academy Awards. Ce premier long métrage audacieux et poétique, réalisé par Akinola Davies Jr. et coécrit avec son frère Wale Davies, se déroule à Lagos pendant la crise électorale de 1993. L’histoire semi-autobiographique suit un père séparé de ses deux jeunes fils, tentant de rentrer chez lui dans une ville au bord de l’explosion politique. Le film met en vedette Sope Dirisu (Slow Horses, Gangs of London) et les frères Chibuike Marvellous Egbo et Godwin Egbo. La projection sera suivie d’une séance de questions-réponses avec le réalisateur.

Le film de clôture, Katanga: The Dance of the Scorpions (2025, Burkina Faso) (https://apo-opa.co/43xS3Zq), réinvente la tragédie de Shakespeare Macbeth dans un royaume africain. Un général, nommé par son roi après un coup d’État avorté, est hanté par une prophétie selon laquelle il accédera au trône ou mourra en tentant. Tourné en noir et blanc, le film explore la loyauté, l’ambition et la fragilité humaine en mariant la dramaturgie shakespearienne à la mythologie ouest-africaine. Réalisé par Dani Kouyaté, figure majeure du cinéma burkinabé, le film clôturera le festival avec sa première britannique (BFI Southbank, 23 nov.) suivie d’un débat avec le réalisateur. Katanga mène la course aux African Movie Academy Awards avec dix nominations.


Focus sur la République Démocratique du Congo

Le focus pays de cette édition est consacré à la RDC, dont la production cinématographique, riche et singulière, sera mise à l’honneur à travers plusieurs œuvres.

The Tree of Authenticity (2025, RDC/Belgique) (https://apo-opa.co/47IGzoq), premier long métrage du photographe et artiste visuel Sammy Baloji, explore les traces du colonialisme dans le bassin du Congo, deuxième plus grande forêt tropicale du monde. À travers les voix de Paul Panda Farnana, premier fonctionnaire colonial noir belge, d’Abiron Beirnaert, administrateur colonial, et d’un arbre millénaire témoin de l’histoire, le film interroge les séquelles humaines et écologiques du colonialisme (Riverside Studios, 15 nov.).

Of Mud and Blood (2025, RDC/France/Allemagne) (https://apo-opa.co/3L9GTnv) de Jean-Gabriel Leynaud dresse un portrait cru et poignant de la vie à Numbi, village minier où les habitants extraient à la main le coltan, « l’or gris » de notre ère numérique. Ce documentaire sensible met en lumière le coût humain de la consommation mondiale (Riverside Studios, 20 nov.).

Lobito Bound: A Journey to Africa’s New Frontier (2025, RDC/Royaume-Uni) (https://apo-opa.co/4htGZlU) suit l’explorateur Dwayne Fields dans un périple de 4 000 km à travers l’Angola, la Zambie, la RDC et la Tanzanie, à la découverte du corridor du Lobito, un ambitieux projet ferroviaire et logistique redéfinissant le rôle de l’Afrique dans le commerce mondial (Ritzy Picturehouse Brixton, 19 nov.).

Le Africa Centre accueillera par ailleurs Congo RE-Vue, une exposition photo numérique gratuite mettant en avant une nouvelle génération de photographes congolais qui réinventent l’image de leur pays.


Films sur les femmes

Promised Sky (2025, France/Tunisie/Qatar) (https://apo-opa.co/47uMMD4) de Erige Sehiri suit Marie, une pasteure ivoirienne vivant à Tunis, qui offre refuge à deux femmes — Naney, jeune mère, et Jolie, étudiante ambitieuse. Lorsqu’un survivant de naufrage rejoint leur foyer, les tensions sociales et les préjugés refont surface. Le film, projeté à Cannes (Un Certain Regard), explore la foi, la solidarité et la résilience féminine (Rich Mix, 17 nov.).

NAWI (2024, Kenya/Allemagne) (https://apo-opa.co/47deeq9) raconte l’histoire d’une jeune fille vendue pour du bétail qui s’enfuit vers Nairobi pour réaliser son rêve d’aller à l’école. Tourné dans les paysages majestueux du Turkana, le film dénonce les mariages forcés et célèbre le courage féminin (Riverside Studios, 19 nov.).

Don’t Let’s Go to the Dogs Tonight (2024, Afrique du Sud) (https://apo-opa.co/3X19wWu), adapté des mémoires d’Alexandra Fuller, retrace l’enfance de Bobo, 8 ans, dans le Zimbabwe de 1980, à la fin de la guerre d’indépendance.

Aïcha (2024, Tunisie/France/Italie/Arabie saoudite/Qatar) (https://apo-opa.co/4nl3E57) de Mehdi M. Barsaoui s’inspire d’un fait divers réel : Aya, seule survivante d’un accident de minibus, saisit cette chance pour se réinventer à Tunis, avant de se retrouver au cœur d’une bavure policière (Ritzy Picturehouse Brixton, 15 nov.).


Films sur le Soudan et courts métrages

Le festival projettera plus de 20 courts métrages venus du continent.

Parmi eux :

  • Adinkra (2025, Royaume-Uni), de Golda Kesse, sur une jeune Britannique ghanéenne en quête d’identité culturelle.
  • Aïcha (2025, Maroc) (https://apo-opa.co/432Kbir), de Sanaa El Alaoui, aborde la relation mère-fille après un drame familial.
  • Forty Days Road (2025, Maroc/Allemagne), de Ali Ziani, dénonce la cruauté du commerce de chameaux entre le Soudan et l’Égypte.
  • Why the Cattle Wait (2024, Afrique du Sud), de Phumi Morare, revisite un mythe nguni sur la fin du monde.
  • Baratani (2025, Botswana) (https://apo-opa.co/47pLCsv), de Moreetsi Gabang, réinvente un conte populaire botswanais.

Aisha Can’t Fly Away (2025, Égypte/Soudan/Tunisie/Arabie saoudite/Qatar/France/Allemagne) (https://apo-opa.co/4oEQUYb) de Morad Mostafa suit une aide-soignante soudanaise confrontée à la montée des tensions entre migrants africains et bandes locales au Caire (Ritzy Picturehouse Brixton, 16 nov.).

Khartoum (2025, Soudan/Allemagne/Royaume-Uni/Qatar) (https://apo-opa.co/4qEbZE7), tourné par des cinéastes soudanais sur des iPhones, mêle réalisme, animation et rêves pour raconter la vie bouleversée de cinq habitants en pleine guerre (Riverside Studios, 18 nov. ; Rich Mix, 21 nov.).


Hommage à Souleymane Cissé

Le réalisateur malien Souleymane Cissé, décédé en février 2025 à 85 ans, a été un pionnier du cinéma africain. Le festival projettera une copie restaurée de son chef-d’œuvre Yeelen (La Lumière), Prix du Jury à Cannes 1987 — une première pour un cinéaste d’Afrique subsaharienne. Son premier film Den Muso (1975), interdit au Mali, lui valut la prison. Il y écrivit le scénario de Baara. L’hommage lui sera rendu à l’Université d’East Anglia le 20 novembre.


Masterclass Kunle Afolayan

Le 17 novembre, Film Africa et la BAFTA organiseront une masterclass exceptionnelle avec Kunle Afolayan, figure emblématique du cinéma nigérian. En discussion avec Tendeka Matatu, il reviendra sur son approche narrative, ses collaborations avec Netflix (Swallow, Aníkúlápó, Ijogbon) et sa vision d’un Nollywood ambitieux et artistique. Son film culte The Figurine (2009) sera projeté lors du festival.


Au-delà de l’écran

Film Africa est un lieu de dialogue et de réflexion. Les projections seront accompagnées de débats, Q&A et tables rondes avec les cinéastes.

Le point d’orgue intellectuel du festival sera le Symposium “African Cinema and Liberation” à la London School of Economics (22 nov., 13h–17h), avec Sir John Akomfrah et Billy Woodberry, deux figures majeures du cinéma engagé. Ensemble, ils exploreront la manière dont le cinéma peut résister aux récits coloniaux, réinventer la liberté et promouvoir la souveraineté culturelle africaine.

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