Si les pays en développement cherchent souvent à conclure des accords avec des nations riches pour stimuler leurs économies, une collaboration plus étroite avec des États confrontés à des défis similaires – ce que l’on appelle la « coopération Sud-Sud » – pourrait être la clé d’une croissance durable et d’un changement transformationnel nécessaire pour atteindre les objectifs mondiaux de développement.
En pratique, la coopération Sud-Sud est un processus par lequel des pays en développement – indépendamment de leur localisation géographique – cherchent à atteindre leurs objectifs de développement, individuels ou communs, grâce à l’échange de connaissances, de compétences et de ressources, dans le cadre de partenariats impliquant les gouvernements, les organisations régionales, la société civile, le monde académique et le secteur privé.
Les expériences et objectifs de la plupart des pays dits du Sud global se recoupent alors qu’ils poursuivent leur trajectoire postcoloniale et s’efforcent de répondre aux besoins de développement de leurs populations.
En reconnaissance de cette coopération mutuelle, l’ONU a créé en 1974 le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud (UNOSSC), qui soutient ces efforts sur la scène internationale et au sein du système onusien.

Des innovateurs pionniers
À l’approche de la Journée internationale de la coopération Sud-Sud, célébrée le 12 septembre, la directrice de l’UNOSSC, Dima Khatib, a déclaré à UN News que les pays du Sud – qui abritent 80 % de la population mondiale – disposent d’énormes ressources humaines et naturelles inexploitées, ainsi que d’un formidable potentiel pour stimuler le développement.
« Nous pensons que les pays du Sud global n’ont pas seulement des défis à relever, mais aussi des solutions et des innovations. Nous devons soutenir, encourager et mettre en lumière leur rôle pionnier dans ces domaines », affirme-t-elle.
Cependant, les défis sont réels et considérables : montée des tensions géopolitiques, poids de la dette, élargissement de la fracture numérique et complexités sociales, dans un contexte où l’aide humanitaire et au développement des pays développés est en baisse.
Ce paysage difficile incite de plus en plus de pays en développement à rechercher des financements par le biais d’une coopération renforcée entre eux.
Mme Khatib souligne que des études récentes menées par son bureau montrent que la coopération Sud-Sud a le potentiel de transformer les équilibres économiques, de créer des emplois et de renforcer les capacités locales, dans des pays allant de l’Éthiopie au Paraguay, en passant par le Rwanda et d’autres.

Un potentiel prometteur au Moyen-Orient
Au Moyen-Orient, cette coopération porte déjà ses fruits dans des domaines tels que les énergies renouvelables, la transformation numérique et l’adaptation au changement climatique. Par exemple, l’expérience du Maroc dans le développement de centrales solaires à grande échelle a servi de modèle à des projets d’énergie renouvelable en Afrique subsaharienne.
Mme Khatib note également que les pays du Golfe ne se limitent pas à fournir une aide financière en période de crise, mais sont devenus des leaders dans le partage de leur expertise.
Elle cite notamment l’Arabie saoudite, qui partage son expérience en matière de dessalement de l’eau de mer avec des pays confrontés à la sécheresse, ainsi que Masdar City, aux Émirats arabes unis, qui mène des recherches et développe des capacités utiles aux pays du Sud global.
L’officielle de l’ONU mentionne aussi le rôle de la Banque islamique de développement, moteur essentiel du progrès, facilitant les échanges de connaissances entre ses 57 États membres et soutenant des initiatives telles que les technologies avancées d’irrigation, l’agriculture durable et les infrastructures résilientes face au climat.
Une force motrice pour le multilatéralisme
Mme Khatib souligne que les pays du Sud global ne se contentent pas de coopérer : ils démontrent également leur capacité à prendre l’initiative. Elle cite le Fonds Inde-ONU pour le partenariat en matière de développement ainsi que le Fonds Inde-Brésil-Afrique du Sud, tous deux hébergés par l’UNOSSC.
Selon elle, cela illustre la puissance de l’action collective et envoie un message fort : la coopération transfrontalière est non seulement possible, mais aussi efficace.
Dans un contexte international marqué par de fortes tensions politiques, la coopération Sud-Sud peut devenir un moteur du renouveau et du renforcement du multilatéralisme, sans toutefois se substituer à la coopération entre tous les pays.
La haute responsable des Nations Unies affirme qu’il ne peut y avoir de division entre les pays du Nord et du Sud global, mais qu’« il faut construire des ponts », une mission à laquelle l’ONU est particulièrement bien placée pour contribuer, compte tenu de son mandat fondamental qui est de traiter tous les pays sur un pied d’égalité.

Source : NATIONS Infos