Selon des données du Centre africain d’études stratégiques (CAES), les violences liées aux groupes islamistes en Afrique ont causé plus de 150 000 décès au cours de la dernière décennie. Ces insurrections représentent une menace sécuritaire majeure, notamment au Sahel, en Somalie et dans le bassin du lac Tchad. L’année 2024-2025 a été particulièrement meurtrière, avec un nombre record de 22 307 morts, soit une augmentation de 60 % par rapport aux années précédentes.
Concentration de la violence et régions les plus touchées
La majorité des décès, soit près de 80 %, se concentre au Sahel et en Somalie, ces deux régions, avec le bassin du lac Tchad, totalisent 99 % des victimes pour l’année 2024-2025. Le CAES met en garde sur le fait que ces chiffres pourraient être sous-estimés en raison des difficultés de collecte d’informations sur le terrain.
Le Sahel est devenu la région la plus affectée. Le nombre de morts y a doublé ces trois dernières années, atteignant 10 500 par an, et a été multiplié par sept depuis 2019. L’organisation Jama’at Nusrat al Islam wal Muslimeen (JNIM), affiliée à Al-Qaïda, est responsable de 83 % de ces décès. Ce groupe, fort de 6 000 à 7 000 combattants, a étendu son influence au-delà du Mali et du Burkina Faso.
Le Burkina Faso est l’épicentre actuel de la crise, concentrant 55 % des morts du Sahel. Le Mali a également vu une augmentation dramatique de la violence depuis le coup d’État de 2020.
Foyers de conflit persistants
- Somalie : Le groupe Al-Shabaab reste la principale menace dans ce pays. Avec 7 000 à 12 000 combattants et des revenus annuels considérables, il a intensifié ses offensives. La violence en 2024-2025 a doublé par rapport à 2022. La coopération du groupe avec les Houthis du Yémen a renforcé ses capacités technologiques, notamment l’utilisation de drones et de missiles.
- Bassin du lac Tchad : Cette région a connu une hausse de 7 % des décès. Le Nigeria, particulièrement l’État de Borno, concentre 74 % des victimes. Les factions de Boko Haram et de l’État islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO) continuent d’opérer, se livrant des conflits pour le contrôle de certaines zones. La violence contre les civils a atteint son plus haut niveau depuis 2016, avec 880 morts en 2024.
Autres régions et évolution de la menace
En Afrique du Nord, la violence islamiste est en déclin constant depuis 2016, bien que la Libye continue de servir de base logistique pour les groupes du Sahel. En revanche, la menace s’étend désormais aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, avec une forte augmentation des décès au Bénin et au Togo. Cette expansion indique que la violence se rapproche de zones qui étaient jusque-là épargnées.