Hausse marquée des séparations conjugales au Maroc : un phénomène en forte progression en 2024 

Hausse marquée des séparations conjugales au Maroc : un phénomène en forte progression en 2024 

Le Maroc fait face à une hausse préoccupante des ruptures d’union. Les données publiées par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) dans son rapport annuel 2024 révèlent qu’en moyenne, plus de 400 séparations conjugales ont été enregistrées quotidiennement cette année.

Le bilan du CSPJ fait état de 40 214 affaires de divorce et de 107 681 affaires de dissolution de mariage (Tatliq) traitées par les tribunaux en 2024. Cela correspond à un rythme journalier de plus de 110 divorces et de près de 300 dissolutions.

Prédominance du Divorce par Consentement Mutuel

Le rapport souligne que le divorce par consentement mutuel est la méthode la plus fréquente, représentant 96 % des 40 214 procédures enregistrées (soit 38 858 cas). Les autres formes de divorce, telles que le divorce rétractif ou celui prononcé avant consommation, ne constituent que 4 % du total.

Les statistiques du CSPJ indiquent une légère progression du nombre de divorces par consentement mutuel (+0,2 % par rapport à 2023). On observe également une nette augmentation pour les divorces avant consommation (+12,9 %) et une forte progression pour les divorces prononcés par le juge (+33,3 %).

La Dissolution de Mariage (Tatliq) : Une Voie Privilégiée

Les cas de dissolution de mariage (Tatliq) sont presque trois fois plus nombreux que les divorces. Selon le CSPJ, cet écart s’explique par la souplesse procédurale qu’offre cette voie. Par exemple, la dissolution pour désaccord ne requiert pas de notification personnelle à l’épouse, contrairement au divorce rétractif qui exige une convocation remise directement à l’épouse.

De plus, l’article 212 du Code de procédure civile autorise une plus grande flexibilité dans le choix du tribunal pour les affaires de dissolution (lieu de résidence conjugale, domicile de l’épouse ou lieu de conclusion du mariage). En revanche, l’article 79 du Code de la famille encadre plus strictement les demandes de divorce.

Un autre élément de distinction réside dans l’effet de la rupture : la dissolution met immédiatement fin à la relation dès le jugement, tandis que le divorce n’est effectif qu’après son enregistrement officiel devant les Adouls (notaires), qui requiert l’autorisation du tribunal et le paiement des frais de documentation.

Profil Démographique et Recommandations

Les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP) corroborent cette tendance, faisant état de plus de 65 000 divorces enregistrés au Maroc en 2024.

Le HCP relève une évolution dans la répartition par âge des personnes divorcées : la tranche des 45 à 49 ans est la plus touchée, avec 32 % des hommes et 68 % des femmes concernés.

Face à cette situation, les auteurs du rapport insistent sur l’urgence de renforcer le rôle préventif des dispositifs de conciliation familiale et des travailleurs sociaux. Ils recommandent notamment de mener des actions de sensibilisation sur la communication au sein du couple et de mettre en place une formation préalable au mariage pour réduire les risques de séparation.

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