Avec l’aide internationale sous pression, un nouveau rapport trace la voie pour l’éducation des enfants non scolarisés en Afrique

Avec l’aide internationale sous pression, un nouveau rapport trace la voie pour l’éducation des enfants non scolarisés en Afrique

À la veille de l’Assemblée générale des Nations Unies, Education.org publie des stratégies fondées sur des données issues de 68 pays pour aider les apprenants à passer des programmes d’éducation non formelle à l’école.

Mariam, 11 ans, a déjà perdu plusieurs années de scolarité. Le conflit a déplacé sa famille et, lorsqu’elle a enfin pu s’inscrire à un Programme d’éducation accélérée (PEA) — un cours intensif destiné aux enfants déscolarisés depuis des années —, elle a appris à lire pour la première fois. Pourtant, son enseignant craint la suite : le collège le plus proche n’a ni place, ni ressources, ni plan pour accueillir des élèves comme elle.

👉 Télécharger le rapport : https://apo-opa.co/4nbralO
👉 Télécharger l’infographie : https://apo-opa.co/3VYAgGA

L’histoire de Mariam, inspirée de l’expérience de nombreux enfants vivant dans des contextes fragiles à travers l’Afrique, illustre une crise plus large. Un nouveau rapport d’Education.org, lancé aujourd’hui lors d’un événement coorganisé avec l’UNICEF, alerte sur un piège dans lequel tombent des millions d’enfants déscolarisés du continent : réintégrer l’apprentissage par des programmes non formels, pour ensuite se voir à nouveau exclus de l’école.

Lors du lancement, Harun Yussuf, directeur général de la Commission nationale kényane pour l’éducation des nomades, a reconnu :

« La réalité est que les progrès en matière d’accès sont inégaux. Et à moins d’agir collectivement, le rêve d’une éducation pour tous restera un rêve. »


Le maillon manquant : de l’apprentissage à la scolarisation

Les conclusions tombent alors que les dirigeants africains se réunissent pour la 80ᵉ Assemblée générale des Nations Unies. La moitié des 272 millions d’enfants et de jeunes non scolarisés dans le monde vivent en Afrique subsaharienne — une part en augmentation (UNESCO, 2025).

L’UNESCO souligne que ce chiffre est sans doute sous-estimé en raison des crises récentes au Burkina Faso, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Mali, au Niger, en Somalie, au Soudan du Sud et au Soudan.

Les PEA représentent l’une des voies les plus rapides vers l’éducation pour les enfants et les jeunes. Pourtant, l’analyse d’Education.org, basée sur près de 400 études (dont 67 % en Afrique subsaharienne), révèle qu’à l’échelle mondiale, seuls un apprenant sur deux parvient à passer avec succès de ces programmes à l’école — et dans les contextes de crise, seulement quatre sur dix.

Malgré cela, moins de la moitié des 38 stratégies éducatives nationales et infranationales examinées en Afrique mentionnent les PEA (47 %), et seulement cinq incluent des stratégies pour accompagner les élèves après l’obtention de leur certificat.

« C’est le maillon manquant dans la lutte pour l’éducation universelle », a déclaré Dr Randa Grob-Zakhary, fondatrice et directrice générale d’Education.org.
« Sans stratégies délibérées et rentables pour aider les enfants à intégrer l’école et à y rester, nous condamnons des millions d’entre eux à retomber une seconde fois dans l’exclusion. »


Une aide en recul, un risque croissant

Le défi est aggravé par la baisse de l’aide. Le financement international de l’éducation devrait chuter de plus d’un quart d’ici 2027 (UNESCO, 2025). L’analyse d’Education.org estime que près de six programmes PEA sur dix (58 %) sont menacés par ces coupes budgétaires.

Au moins quatre millions d’apprenants inscrits actuellement dans ces programmes dans le monde — un chiffre probablement sous-évalué vu le manque de suivi — risquent de perdre l’accès à l’éducation. Des millions d’autres pourraient ne jamais avoir la chance de s’y inscrire.

Pour Sarah Bugoosi Kibooli, commissaire à l’éducation spécialisée et inclusive en Ouganda, les orientations proposées peuvent renforcer l’impact et la durabilité de ces programmes éprouvés :

« Les programmes d’éducation accélérée ne peuvent tenir leur promesse sans un accompagnement volontaire pour assurer les transitions — vers l’école, les compétences ou les opportunités professionnelles. »


Combler le fossé : le cadre STEP

Le nouveau cadre STEP (Supporting Transitions Through Evidence-Based Planning) (https://apo-opa.co/4gs9GPw), proposé par Education.org, définit cinq priorités :

  1. Aligner les programmes accélérés sur les curricula et les compétences de vie ;
  2. Garantir que l’achèvement ouvre les portes de l’école ;
  3. Relier les PEA aux écoles avoisinantes ;
  4. Fournir un accompagnement à l’inscription et au-delà ;
  5. Rendre les écoles suffisamment flexibles et inclusives pour accueillir durablement les apprenants.

Ces cinq étapes, insiste Education.org, doivent reposer sur une collaboration étroite entre écoles, communautés et prestataires non formels. Les données montrent que lorsque les PEA et les écoles sont reliés par des structures de gouvernance communes, les chances de réussite des enfants doublent.

Les implications dépassent les PEA. Les écoles communautaires, centres pour réfugiés, classes de rattrapage ou encore projets numériques font face au même risque : sans passerelles reconnues et sans soutien aux transitions, les jeunes plus âgés risquent d’abandonner, tandis que les filles, les jeunes mères et les enfants en situation de handicap sont particulièrement vulnérables.

« L’éducation accélérée prouve que nous savons déjà enseigner la lecture, l’écriture et le calcul rapidement et efficacement », a déclaré Dr Kilemi Mwiria, représentant Afrique d’Education.org.
« Ce que nous ne parvenons pas à faire, c’est combler le fossé de la transition — et sans cela, des millions d’enfants qui recommencent enfin à apprendre n’auront jamais l’occasion d’exploiter tout leur potentiel. »

Leave a Reply

Your email address will not be published.