Accélérer l’apprentissage pour un avenir plus sûr sur le plan alimentaire en Afrique de l’Est et australe

Accélérer l’apprentissage pour un avenir plus sûr sur le plan alimentaire en Afrique de l’Est et australe

Environ 62,9 millions de personnes — soit 25 % de la population analysée dans sept des huit pays membres de l’IGAD — sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë en 2024.

L’Afrique de l’Est et l’Afrique australe se trouvent à un moment charnière pour transformer leurs systèmes alimentaires en moteurs de croissance économique et de développement. Avec une population en forte augmentation, une urbanisation rapide et des préférences alimentaires en évolution, la région connaît une hausse de la demande pour des aliments sûrs, nutritifs et accessibles.

Dans le même temps, des défis tels que le changement climatique, la dégradation des terres et les inefficacités des chaînes d’approvisionnement obligent à repenser les modes de production, de transformation et de distribution des denrées alimentaires. La région abrite plus de 230 millions de personnes, dont beaucoup vivent dans l’extrême pauvreté et peinent à accéder quotidiennement à une alimentation adéquate, sûre et nutritive. En 2024, environ 62,9 millions de personnes — soit 25 % de la population analysée dans sept des huit pays membres de l’IGAD — sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë élevée.

Ces dynamiques ouvrent pourtant un large éventail d’opportunités : tirer parti des innovations numériques, développer l’agriculture intelligente face au climat, ou encore renforcer le commerce régional. Les gouvernements, le secteur privé et les partenaires au développement reconnaissent de plus en plus que transformer les systèmes alimentaires n’est pas seulement essentiel pour la sécurité alimentaire, mais constitue aussi un levier majeur pour la création d’emplois, la réduction de la pauvreté et une croissance inclusive.

En mars 2025, un événement d’apprentissage de haut niveau, le premier du genre, a été organisé à Addis-Abeba dans le cadre du Programme de résilience des systèmes alimentaires (FSRP) pour l’Afrique de l’Est et australe. L’événement a été convoqué par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), en collaboration avec la Commission de l’Union africaine (CUA), le Centre pour la coordination de la recherche et du développement agricoles pour l’Afrique australe (CCARDESA) et la Banque mondiale.

Le FSRP est un programme essentiel pour la création d’emplois, en stimulant l’activité tout au long de la chaîne de valeur agricole — de la production à la distribution en passant par la transformation et le marketing. En investissant dans des infrastructures et des pratiques résilientes au climat, il favorise l’emploi rural et soutient l’entrepreneuriat, notamment chez les jeunes et les femmes, en facilitant l’accès aux marchés.

Cet événement avait pour objectif de renforcer l’apprentissage institutionnel et de promouvoir les échanges de connaissances entre pays dans le cadre du FSRP. Il s’est concentré sur la mise en œuvre concrète des données probantes, l’accélération de la transformation numérique, l’intégration commerciale et l’amélioration de la conformité aux normes sanitaires et phytosanitaires (SPS). L’événement a servi de plateforme dynamique, multi-niveaux, pour accélérer l’apprentissage, renforcer le dialogue politique et aligner les interventions du FSRP avec les priorités nationales, régionales et continentales.

Au cours des échanges, les participants ont souligné l’urgence d’un apprentissage continu au sein et entre les pays pour garantir une mise en œuvre efficace des programmes.

Comme l’a exprimé le Dr Abdi Fidar, directeur du Centre de prévision et d’application climatique de l’IGAD :

« Il est essentiel de savoir ce que chaque pays fait dans son programme. Les États membres apprennent les uns des autres. Quelles sont les bonnes pratiques, et comment pouvons-nous combler les écarts existants ? »

Les participants ont également mis en avant le besoin d’un mécanisme structuré pour recueillir et capitaliser les connaissances issues des différents pays, afin de mieux les appliquer.

L’événement a aussi mis en lumière le potentiel des technologies numériques pour renforcer la productivité agricole et la résilience, avec plusieurs pays désireux d’adopter les solutions utilisées ailleurs.

« Nous apprenons déjà de la numérisation au Kenya, et nous voulons en savoir plus sur l’Éthiopie, qui est déjà plus avancée », a déclaré Teddie Nakhuma, coordinateur du programme FSRP au Malawi.

Les bénéfices du numérique ne pourront être pleinement atteints que s’ils sont déployés à grande échelle. Des outils comme les registres de producteurs et les services de conseil en temps réel ont été identifiés comme des innovations clés. Cependant, la région fait face à des obstacles tels que la faible littératie numérique, les infrastructures limitées, les défis de protection des données et des plateformes fragmentées. Les participants ont plaidé pour une coordination régionale renforcée et de meilleurs systèmes de soutien pour tirer parti de ces outils.

Les obstacles au commerce, comme les politiques incohérentes et les normes sanitaires et phytosanitaires divergentes, continuent également d’entraver les échanges intra-africains. Des experts ont appelé à l’harmonisation des standards et à un investissement accru dans les systèmes de conformité. Des outils comme les tableaux de bord commerciaux ou la traçabilité numérique ont été cités comme des solutions prometteuses, mais leur efficacité reste limitée par le manque de normes communes, une application faible et une sous-utilisation des données. Une formation accrue est jugée nécessaire pour exploiter pleinement leur potentiel.

Enfin, les participants ont souligné que le renforcement de la collaboration entre pays africains et l’alignement avec l’agenda de l’Union africaine sont essentiels pour bâtir un système alimentaire plus résilient à l’échelle du continent. Une culture de l’apprentissage continu doit être intégrée dans les efforts régionaux pour un avenir plus sûr sur le plan alimentaire.

« Nous avons besoin d’une plateforme pour échanger nos idées et apprendre des autres partenaires. Il est important de savoir comment les autres interagissent avec les pays, et les pays doivent aussi connaître nos attentes, afin que nous puissions avancer ensemble », a déclaré le Dr Majola Mabuza, coordinateur régional de l’APPSA.

Alors que les pays d’Afrique de l’Est et australe se rapprochent de l’objectif d’éradiquer la faim d’ici 2030, les idées ne manquent pas. Il revient désormais aux États de lancer et d’accélérer les investissements qui permettront d’obtenir des résultats durables pour les générations à venir.

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