L’or vert du Cameroun : une stratégie économique fondée sur la nature

L’or vert du Cameroun : une stratégie économique fondée sur la nature

Le rapport introduit également la comptabilité de la richesse nationale comme un outil essentiel pour les décideurs afin de mieux comprendre la capacité économique du Cameroun à générer des revenus futurs et à soutenir le développement.

Le Groupe de la Banque mondiale a publié aujourd’hui la mise à jour économique 2025 du Cameroun, intitulée « L’or vert du Cameroun : libérer le potentiel des forêts et du capital naturel ». Ce rapport offre une analyse complète des récents développements économiques du pays, des perspectives à moyen terme, ainsi que du rôle crucial de la comptabilité de la richesse dans l’évaluation des performances économiques. Une attention particulière est portée à l’importance d’une gestion durable des forêts et des ressources naturelles en tant que moteurs d’un développement inclusif et résilient.

Selon le rapport, le PIB du Cameroun a augmenté de 3,5 % en 2024, contre 3,2 % en 2023, grâce à la hausse des prix du cacao, à l’amélioration des rendements du coton et à un meilleur approvisionnement en électricité. L’inflation moyenne a fortement reculé, passant de 7,4 % à 4,5 % entre 2023 et 2024, grâce à une politique monétaire plus stricte, au contrôle des prix et à une baisse de l’inflation importée. Le déficit du compte courant s’est réduit de 4,1 % à 3,4 % du PIB, principalement en raison de la flambée des prix du cacao. Cependant, le déficit budgétaire global s’est creusé pour atteindre 1,5 % du PIB, contre 0,7 % en 2023, en raison d’une hausse des dépenses courantes et de recettes inférieures aux prévisions. La dette publique a légèrement augmenté, passant de 46,1 % à 46,8 % du PIB, essentiellement sous forme de dette extérieure.


Des perspectives modérément positives

Les perspectives à moyen terme sont modérément positives, avec une croissance réelle moyenne du PIB attendue à 3,9 % entre 2025 et 2028, soutenue par une production énergétique améliorée et une hausse de l’investissement public, notamment dans le secteur de la construction.
L’inflation moyenne devrait continuer de baisser pour atteindre le critère de convergence de 3 % fixé par la CEMAC d’ici 2027. Toutefois, le déficit du compte courant devrait s’aggraver légèrement pour atteindre environ 4 % du PIB au cours de la période, en raison de la baisse de la production et des prix du pétrole, des résultats mitigés des politiques industrielles gouvernementales, et de l’augmentation des importations de biens d’équipement, liée à la hausse des investissements publics et privés.

Même si la dette extérieure et la dette publique globale du Cameroun restent soutenables, le pays est confronté à un risque élevé de surendettement, principalement en raison de problèmes de liquidité.

« L’économie camerounaise a fait preuve de résilience face aux chocs extérieurs, mais de nombreuses faiblesses structurelles — notamment en matière d’infrastructures — freinent son potentiel », a déclaré Robert Utz, économiste principal de la Banque mondiale pour le Cameroun et co-auteur du rapport.
« Un programme audacieux de réformes budgétaires est impératif pour combler ces lacunes et stimuler la productivité globale. »


La comptabilité de la richesse nationale comme indicateur clé

Le rapport introduit également la comptabilité de la richesse nationale comme outil stratégique pour les décideurs, afin de mieux cerner la capacité du Cameroun à générer des revenus futurs et à maintenir une trajectoire de développement.

Bien que la richesse nationale totale ait augmenté, passant de 311 milliards de dollars en 1995 à 553 milliards en 2020, la richesse par habitant a diminué de 11 % sur la même période.
L’épargne nette ajustée (ENA) — un indicateur plus large de la durabilité économique d’un pays — a été modérément négative entre 2010 et 2020, ce qui suggère que le Cameroun épuise ses richesses à un rythme légèrement plus rapide qu’il n’en crée de nouvelles.

La déforestation s’est accélérée de manière spectaculaire après 2010, notamment avec la conversion des forêts de plaine à des fins agricoles entre 2010 et 2020, à un rythme cinq fois plus élevé que la décennie précédente.
En parallèle, l’état écologique des forêts camerounaises s’est fortement dégradé, les données satellitaires indiquant une réduction de la hauteur des arbres, de la densité de la canopée, de la connectivité des forêts et du caractère naturel des paysages.


« Pour minimiser l’impact environnemental de la croissance et préserver les richesses naturelles, le Cameroun pourrait prioriser ses écosystèmes les plus vulnérables et à haute valeur ajoutée, et transitionner vers une économie de services forestiers, en tirant parti de l’écotourisme, des services médicinaux issus de sa flore unique, et des savoirs forestiers traditionnels », a déclaré Cheick F. Kanté, directeur de la Banque mondiale pour le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale.


Diversifier l’économie au-delà des matières premières

Le rapport souligne que pour atteindre son objectif de devenir une économie émergente d’ici 2035, le Cameroun doit diversifier son économie au-delà des matières premières de base.
Avec l’un des écosystèmes les plus uniques d’Afrique, le secteur du tourisme pourrait devenir un levier clé de croissance et d’emploi, en valorisant un capital naturel que peu d’autres pays peuvent offrir.

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