Une étude conjointe de l’Union internationale des télécommunications (UIT) et de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), intitulée « The State of Broadband in Africa 2025 », révèle que l’adoption de la technologie 5G en Afrique subsaharienne est encore très limitée, ne représentant que 1,2% des connexions mobiles actuelles.
Ce faible taux de pénétration est observé malgré un effort d’investissement significatif de la part des opérateurs de télécommunications, qui ont consacré 28 milliards de dollars sur les cinq dernières années à l’amélioration de la couverture et à la modernisation des infrastructures. Le rapport pointe du doigt deux obstacles majeurs à une accélération de la 5G : le coût élevé des forfaits de données mobiles et celui des smartphones compatibles.
L’Hégémonie de la 3G et la Projection du Marché
Selon l’étude, l’Afrique subsaharienne est toujours largement dominée par les technologies de génération plus ancienne. La 3G représente encore plus de la moitié des connexions mobiles, suivie par la 4G (un tiers) et la 2G (environ 10%).
Toutefois, une transition est en cours. D’ici 2030, l’UIT et l’UNESCO anticipent une forte régression de la 2G et de la 3G (à 2% et 33% respectivement). La 4G devrait devenir majoritaire avec 49% des parts de marché, tandis que la 5G est prévue pour atteindre 17% des connexions mobiles à la fin de la décennie.
Un Décalage Numérique Inquiétant
Cette lente progression vers la 5G contraste fortement avec d’autres régions du globe où cette technologie est déjà prépondérante (61% en Chine et 77% en Amérique du Nord). Ce décalage souligne une fracture numérique grandissante qui risque de nuire à la compétitivité de l’Afrique dans l’économie numérique mondiale, à une époque où l’accès au très haut débit est essentiel pour stimuler l’innovation sectorielle.
Néanmoins, l’étude constate que les opérateurs augmentent leurs efforts de déploiement de la 5G. Des initiatives récentes, comme le lancement des services 5G par Vodacom au Mozambique et le déploiement de MTN au Bénin, illustrent cette tendance. Les dépenses d’investissement des opérateurs africains devraient d’ailleurs atteindre 62 milliards de dollars d’ici 2030, avec une concentration majeure sur l’extension des réseaux 5G.
Les Barrières de l’Abordabilité
Le succès de la migration vers la 5G ne dépend pas uniquement du déploiement des infrastructures par les opérateurs. Le rapport insiste sur la nécessité d’intervenir sur le coût pour l’utilisateur final.
En 2024, le coût d’un forfait d’entrée de gamme de 2 Go de données mobiles représentait 4,2% du revenu mensuel moyen en Afrique. Bien qu’en baisse ces dernières années, ce prix reste au-dessus du seuil d’abordabilité de 2% du revenu mensuel par habitant, fixé par l’UIT. Des actions ciblées pour réduire les prix des données et des appareils 5G compatibles sont donc jugées urgentes.
Couverture, Équipement et Accès à Internet
Le rapport offre également un aperçu de l’état général de la connectivité sur le continent :
- Couverture Mobile : Environ 88,4% de la population africaine vivait à portée d’un signal mobile en 2024. Le haut débit mobile couvrait 86% de la population, laissant 14% des Africains sans possibilité de connexion mobile. Des groupes panafricains tels que MTN et Vodacom, ainsi que l’opérateur Orange, jouent un rôle majeur dans l’amélioration de cette couverture.
- Fournisseurs d’Équipement : Les entreprises chinoises, notamment Huawei et ZTE, dominent le marché des équipements réseau en raison de leurs prix compétitifs, facilitant le déploiement des solutions TIC (à l’instar de la plateforme M-Pesa qui repose largement sur des technologies Huawei).
- Augmentation de l’Usage Internet : Le taux d’utilisation global d’Internet (fixe et mobile) par les particuliers africains a nettement progressé, passant de 25% en 2019 à 38% en 2024. Cette hausse a été partiellement stimulée par la pandémie de Covid-19, qui a encouragé les ménages aisés à se connecter pour le télétravail, la communication et l’éducation.
Enfin, le rapport souligne l’importance des Points d’Échange Internet (IXP) : 33 pays africains en sont désormais dotés. Ces infrastructures physiques permettent aux réseaux locaux d’échanger du trafic de données directement, réduisant la dépendance aux liaisons internationales. L’Afrique du Sud se distingue avec sept IXP, suivie par la Tanzanie (5), ainsi que le Kenya, le Cameroun et la République démocratique du Congo (3 chacun). Ces points d’échange sont cruciaux pour garantir une connectivité plus rapide, plus abordable et de meilleure qualité pour les consommateurs.